Plus qu’un simple rituel, le Hammam est une tradition marocaine à part entière. Cet héritage arabo-andalous est très présent dans le quotidien des marocains et ce n’est pas prêt à changer! Ce lieu de purification rituelle est propice aux rencontres et à l’échange (tout en éliminant toxines et bactéries !).
« Le jour du hammam était autrefois considéré comme un jour de fête pour les femmes qui se retrouvaient pour discuter. Autrefois dans les croyances populaires, la saleté (usakh) représentait le diable. Être sale c’était être impur. C’est pourquoi le hammam permet de rétablir cet équilibre perdu dans la vie quotidienne. » source
Généralement équipé de 2 à 3 salles passant du froid (extérieur) au chaud (proximité de la source d’au chaude) où la température peut avoisiner les 50° (cœurs fragiles s’abstenir !), le mécanisme traditionnel du Hammam n’a pas changé. Le maître Farnatchi est le responsable des lieux et garant de la continuité de la chaleur de l’eau dans les salles. Dans certaines villes, comme Marrakech par exemple, on vient toujours chez lui pour faire cuire sa Tanjiya, plat typique de la ville ocre.
Le besoin n’ayant pas été altéré dans le temps et ce malgré l’apparition de Hammam « modernes » (Spa, centres de beauté intégrés etc.), certaines personnes commencent à relever une question d’ordre écologique. En effet, avec la COP 22 qui a eu lieu à Marrakech, certaines personnes ont commencé à se rendre compte de l’impact que peut avoir les Hammams sur l’environnement. Énergivore en bois (3 millions de tonnes de bois par an) et en eau (125 m3 par jour), personne jusqu’ici n’a essayé de trouver des solutions pour rendre « propre » ce lieu de propreté.
Le Hammam du futur ne peut qu’être « Green »
En écoutant la matinale de France Inter il y a quelques semaines de cela, j’ai été surprise d’entendre parler d’une belle initiative bien marocaine, celle d’un jeune ingénieur qui ne supportait plus de voir la pollution générée par le Hammam de son père.
« Il a imaginé le hammam du futur : sol chauffant, panneaux solaires et surtout une chaudière biomasse qui utilise un nouveau combustible : des granulés fabriqués à base de noyaux d’olive. Une façon de valoriser les déchets agricoles du Maroc. » – Nathalie Fontrel
Le principe du projet a été félicité par des ONG et a même eu le soutien financier de l’AFD (Agence Française de Développement). L’idée est donc de créer une filière de Hammam qui serait garante à la fois du diagnostic énergétique de plus de 10.000 Hammam au Maroc, de l’installation de chaudières et aussi de la fabrication de combustibles issus des déchets agricoles.
En route vers « l’éco-Hammam »
Autre initiative dans le même esprit, celle d’un éco-hammam, projet entrepris depuis le 5 Juin 2015 dans la commune de Dar Bouazza et initié par la Fondation Lydec et l’ARAD.
« Le projet propose un modèle démonstratif reposant sur une technologie nouvelle, alliant le traitement et la réutilisation des eaux et l’économie d’énergie ». Source
Le projet s’étalera sur trois ans avec plusieurs objectifs :
- État des lieux des hammams traditionnels (enquêtes, recensement et évaluation des nuisances)
- Conception de prototypes dans le site choisi sur les deux volets eau et énergie
- Suivi et optimisation des procédés adoptés ainsi eu la formation des acteurs.
Un label « Hammam Marocain »
La labellisation des Hammams marocains est une autre initiative, initiée cette fois ci par le ministère de l’artisanat au Maroc en Septembre dernier.
« Le label « hammam » marocain » sera accordé à une dizaine de hammams dans cinq villes, Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech et Fès, suite à un processus d’audit et de certification mené par une équipe d’experts en management de la qualité. Il s’agit de répondre à plusieurs critères comme le respect des normes d »hygiène et environnementales, la sécurité, la qualité des services, ou encore la sauvegarde du patrimoine. » source
Des mesures qui commencent à faire leur petit chemin dans un pays qui reste majoritairement attaché à sa tradition (bonne et moins bonne) et qui aura sûrement du mal à sauter la pas. Gardons espoir pour un Maroc 100% écolo-friendly !